LES scientifiques de l’Ineos Oxford Institute pour la recherche antimicrobienne ont reçu un million de livres sterling pour accélérer le développement d’un nouveau type d’antibiotique. Cette donation de Pathways to Antimicrobial Clinical Efficacy intervient après la découverte, par les scientifiques, d’un nouveau type d’inhibiteur qui pourrait remédier à de nombreuses superbactéries résistantes aux médicaments.
Le professeur Chris Schofield, directeur du département de chimie, a déclaré que les talentueux biochimistes, microbiologistes et chimistes de l’institut étaient « extrêmement enthousiastes » à l’idée de travailler avec l’équipe PACE.
L’initiative PACE a été lancée en 2023 pour aider les meilleurs innovateurs au monde à accélérer leurs recherches sur l’antibiorésistance, qui ne cesse de progresser. Le projet de l’IOI est l’un des premiers à recevoir des fonds de PACE.
« Nous avons hâte de les aider à faire avancer leur projet au stade clinique, étant donné ce que cela représenterait pour le quotidien de nombreux patients » s’est réjouie Beverley Isherwood, directrice de programme pour PACE.
Outre une aide financière, l’institut recevra des conseils sur la recherche-développement de la part d’un réseau mondial d’experts, aura accès à une plateforme de microbiologie et bénéficiera de l’accompagnement de spécialistes de la chimie médicale.
L’antibiorésistance est considérée comme un tueur silencieux, qui menace de saper les fondations de la médecine moderne.
Voilà des années que des scientifiques avertissent que la médecine risque de revenir à l’âge de pierre en l’absence de nouveaux médicaments pour remplacer les antibiotiques actuels, qui ont perdu de leur efficacité.
Ils craignent que des infections courantes, qui ont été traitées avec succès pendant plusieurs décennies grâce aux antibiotiques, ne redeviennent fatales. Chaque année, environ un million et demi de personnes meurent du fait de maladies devenues difficiles ou impossibles à traiter avec des antibiotiques. Et ce chiffre pourrait passer à 10 millions par an d’ici 2050.
Depuis la découverte de la pénicilline en 1928, les antibiotiques bêta-lactamines sont l’un des piliers du traitement des infections bactériennes.
Ces antibiotiques renferment un anneau bêta-lactame qui empêche les bactéries de se développer. Mais les bactéries ont évolué en produisant de la bêta-lactamase, une enzyme capable de désactiver les antibiotiques bêta-lactamines, qui ne peuvent alors plus rien contre des maladies courantes, telles que les infections des voies urinaires.
« Le séjour moyen en hôpital d’un patient souffrant d’une infection antibiorésistante est de 13 jours, soit 8 millions de jours-hôpital en plus chaque année » explique le professeur Schofield.
Toutefois, les scientifiques de l’IOI ont mis au point de petits inhibiteurs de la transpeptidase qui ne contiennent pas de bêta-lactame, et ne sont pas affectés par de nombreuses bêta-lactamases produites par les bactéries.
Ces inhibiteurs sont également efficaces contre un large ensemble de bactéries à l’origine d’infections telles que la pneumonie, la gastro-entérite ou la méningite.
MOUCHES
Dans les hôpitaux nigérians, des mouches transportent des bactéries résistantes à des antibiotiques importants sur le plan clinique, dont des antibiotiques en dernier recours.
MICROPLASTIQUES
La présence de microplastiques dans l’environnement a multiplié par 200 la propagation de l’antibiorésistance. BÉTAIL Entre 2009 et 2019, aux ÉtatsUnis, 97 % des infections à la campylobacter chez l’humain (qui cause des diarrhées) ont été transmises par le bétail via de la viande contaminée.
AVIFAUNE SAUVAGE
Les oiseaux sauvages, comme les canards et les corvidés vivant en zone urbaine, sont susceptibles d’être des vecteurs de bactéries antibiorésistantes.
DÉSINFECTANTS
Une exposition prolongée à un désinfectant antibactérien peut accroître l’antibiorésistance.
COLISTINE
L’utilisation de colistine dans la nourriture animale, pour éviter les infections et favoriser la croissance, contribue à la résistance aux antimicrobiens chez les humains.