CELA a été prouvé à maintes reprises ces 200 dernières années : sans énergie à prix compétitif, pas de croissance dans une économie avancée. Pourtant, la fiscalité énergétique du gouvernement britannique est en passe de signer l’arrêt de mort des réserves d’énergie abondantes du pays en mer du Nord. Les États-Unis taxent à 21 % l’industrie pétrolière et gazière, soit le même taux que d’autres industries. Le prélèvement fiscal effectif total sur les opérations offshore y avoisine 40 %, et les investissements sont au plus haut.
Au Royaume-Uni, la fiscalité sur l’énergie s’élève à 78 %, et les investissements sont au plus bas. Conséquence : la majeure partie de l’énergie du Royaume-Uni est importée de l’étranger. Cela coûte cher. Le pays se retrouve dans une situation de vulnérabilité, au moment où l’Europe constate sa dépendance aux énergies russes. L’économie britannique est privée d’emplois en mer du Nord. Et cela entrave la croissance de l’industrie.
Le gouvernement doit se montrer courageux en supprimant les taxes sur les profits de l’énergie (Energy Profits Levy), et en abaissant la fiscalité sur son secteur énergétique stratégique à un niveau compétitif face aux États-Unis. Alors seulement les investissements reviendront.
Voilà plus de 50 ans que l’industrie pétrolière et gazière du Royaume-Uni en mer du Nord éclaire les rues, chauffe les foyers et alimente l’industrie.
Depuis le début de la production, le pays a produit l’équivalent d’environ 50 milliards de barils de pétrole et de gaz, avec à la clé près d’un demi-billion de livres sterling pour le trésor britannique grâce aux taxes sur la production.
INEOS a joué un rôle majeur à cet égard. Nous fournissons le Royaume-Uni en gaz naturel provenant des gisements au large d’Humberside, des Orcades et de Laggan.
En 2017, nous avons également acquis le réseau de pipelines Forties, qui transporte le pétrole et le gaz issus de plus de 80 champs offshore, soit environ la moitié de la production en mer du Nord.
production en mer du Nord. Nous nous acquittons volontiers de l’impôt sur les résultats de nos opérations en mer du Nord, mais nous avons besoin d’un régime fiscal stable nous apportant la certitude nécessaire pour planifier et investir sur la durée. En 2022, une taxe exceptionnelle sur les profits de l’énergie a été adoptée en réponse à la hausse sévère des cours de l’énergie, du fait de la crise liée à la guerre en Ukraine.
Cette taxe a ensuite été modifiée par trois fois pour l’augmenter et en élargir l’assiette. Il en a découlé de fortes incertitudes fiscales pour l’industrie pétrolière et gazière.
Actuellement, le taux plafond d’imposition des profits sur la production du secteur s’élève à 78 % ; un taux fixé orsque les cours avaient atteint des sommets il y a trois ans et qui n’a pas évolué depuis, alors que les cours du pétrole et du gaz ont retrouvé des niveaux proches de l’avant-crise.
La taxe sur les profits de l’énergie est inadéquate. Ses avantages sont de courte durée : elle privilégie les recettes fiscales à court terme en contrepartie de dégâts à long terme sur l’industrie pétrolière et gazière du pays.
C’est un mauvais exemple de mécanisme fiscal. Les capitaux migrent à l’étranger, d’où une baisse des investissements, de la production et des recettes fiscales, annulant la hausse de ces dernières à court terme.
Mais, plus grave encore qu’une baisse des recettes fiscales, ce sont l’économie britannique en général et le climat qui en pâtissent le plus.
Selon l’organisme professionnel du secteur Offshore Energies UK, qui a publié ses perspectives récemment, le Royaume-Uni devrait extraire jusqu’à 4 milliards de barils sur les 13 à 15 milliards dont il aura besoin d’ici 2050.
Or, 3 milliards de barils supplémentaires resteront dans le sol à cause de la politique énergétique et fiscale actuelle. Une telle production apporterait une manne brute de 150 milliards de livres à l’économie britannique.
En lieu et place, nous allons exporter cette manne économique vers d’autres pays à la politique fiscale et énergétique plus avisée, sans que l’environnement n’y gagne.
En demandant à d’autres pays de produire du gaz et du pétrole pour nous, la production britannique perdue sera remplacée par de coûteuses importations, à l’empreinte carbone accrue.
Le secteur estime à 30 milliards de livres les opportunités d’investissement si les bonnes conditions fiscales étaient réunies. À eux seuls, ces investissements supposeraient une manne économique de 60 milliards de livres, qui risque de passer sous le nez du Royaume-Uni.
Par-dessus le marché, la taxe exceptionnelle a des répercussions désastreuses plus larges sur le RoyaumeUni. La baisse des investissements et de la production entraînera la fermeture précoce de gisements et de pôles de production, accélérant leur démantèlement.
Or qui dit démantèlement dit dépenses, en lieu et place d’investissements qui se seraient traduits par des recettes fiscales
On estime qu’à compter de 2024, le coût total du démantèlement de l’ensemble des infrastructures pétrolières et gazières du Royaume-Uni s’élèvera à 45 milliards de livres.
D’après la North Sea Transition Authority, le coût de l’allègement fiscal associé pour les finances de l’État est estimé à 11 milliards.
La Transition Authority, le régulateur public, a confirmé que le Royaume-Uni possède encore d’importantes réserves de pétrole et de gaz offshore.
Une grande partie de ces réserves se trouve dans des zones matures et développées.
Mais sans les infrastructures nécessaires pour les exploiter, elles seront abandonnées. La fermeture prématurée de pôles vitaux entraînera la perte définitive de réserves futures.
La baisse de la production britannique dopera les importations et fragilisera l’approvisionnement.
Lors de l’épisode de grand froid du mois de janvier, lorsque le vent a cessé de souffler, le Royaume-Uni est passé tout près d’une panne d’électricité géante.
Avec une semaine de stocks de gaz et un approvisionnement en électricité tendu, le réseau national a dû publier des avis d’urgence sur les marchés.
Ce genre d’avertissement et les risques de blackout complet seront de plus en plus fréquents et graves si la production nationale de gaz chute, et que les infrastructures critiques sont démantelées trop tôt.
Le pétrole et le gaz représentent 75 % de l’ensemble des besoins en énergie du Royaume-Uni, qui produit environ la moitié de cette demande totale à l’heure actuelle. L’empreinte carbone du GNL importé est très supérieure à celle du gaz produit sur le territoire national.
Les processus de production, de traitement et de transport émettent près de quatre fois plus de CO2 qu’une quantité équivalente de gaz sur réseau de distribution.
Le gouvernement britannique estime que le seul moyen de reprendre le contrôle de son énergie et de protéger les finances des foyers et de l’État contre les hausses des cours des combustibles fossiles, est de tout miser sur les énergies propres d’ici 2030.
Ce n’est tout bonnement pas réaliste étant donné la nature intermittente du photovoltaïque et de l’éolien, et les contraintes du réseau national.
À l’inverse, aux États-Unis, la production est à son plus haut et la politique fiscale y est stable et très efficace, gage d’un environnement propice aux investissements et d’un approvisionnement stable en énergie domestique.
L’heure du changement est venue. La mer du Nord est un atout économique stratégique pour le Royaume-Uni. Elle continuera de contribuer à la sécurité énergétique du pays pendant de nombreuses années, en parallèle à la transition énergétique. Il faut néanmoins un cadre politique adapté pour qu’elle puisse jouer ce rôle.
Une fiscalité adoucie permettant d’équilibrer les risques et les avantages, garante de stabilité sur la durée, permettrait de renouer avec un environnement propice aux investissements, et plus avantageux pour l’économie britannique sur la durée que la taxe sur les profits de l’énergie et la politique actuelle qui privilégient le court terme au détriment du long terme.