Issue 25

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INEOS INCH ISSUE 25

INEOS célèbre ses 25 ans

Faire descendre

2024
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    25 ans déjà

    Le chemin parcouru est impressionnant, mais les propriétaires d’INEOS n’ont absolument pas l’intention de ralentir
    le rythme. Sir Jim Ratcliffe, John Reece et Andy Currie ont encore beaucoup à accomplir avant d’envisager de peut-être prendre leur retraite.

    « Ces 25 années se sont écoulées en un clin œil » déclare Jim, fondateur de l’entreprise en 1998. « Mais notre soif de défis est inextinguible et je crois que lors des cinq prochaines années, nous allons encore nous développer de 50 à 100 %. »
    Le formidable parcours d’INEOS commence en 1998, en Belgique, lorsque Jim rachète à BP la pleine propriété d’un de ses sites, à Anvers.

    Dès lors, sous la direction de Jim, John et Andy, l’entreprise s’est développée depuis cet unique site d’Anvers jusqu’à devenir l’une des plus grandes au monde, avec des ventes annuelles de $68 milliards, et comptant plus de 26 000 employés dans 31 pays.

    Tous trois partageaient une vision (et un état d’esprit similaire) et ont saisi des opportunités qui étaient passées inaperçues.
    C’est ainsi qu’ils dirigent leur entreprise depuis.

    « Je crois que nous n’avons jamais élaboré de plan stratégique sur cinq ans » déclare John.

    Ils ont plutôt façonné un lieu où l’on laisse libre cours aux idées, où la créativité peut s’exprimer, où l’on fait face aux défis sans les craindre et où le mot « impossible » n’existe pas.

    Steph McGovern, qui dirige désormais sa propre émission de débat au Royaume-Uni, était auparavant journaliste économique pour la BBC.

    « Le monde des affaires ne me surprend plus beaucoup, mais INEOS, oui » explique-t-elle.

    « L’entreprise n’a de cesse de repousser les limites du possible pour une entreprise internationale articulée autour de la pétrochimie. »

    Elle figure parmi les sept auteurs choisis pour commenter la réussite d’INEOS dans un nouveau livre, intitulé Grit, Rigour & Humour: The INEOS story, publié en juillet pour commémorer le 25e anniversaire de l’entreprise.

    Ces trois valeurs essentielles, la ténacité, la rigueur et l’humour, sont solidement ancrées dans les 36 entreprises d’INEOS et ont contribué à conclure 177 contrats ces 25 dernières années.

    « Dans un secteur parfois difficile, faire preuve de ténacité est indispensable » affirme Jim. « Et la rigueur est aux antipodes de l’improvisation. »

    L’humour parle de lui-même.

    Au début, Jim, John et Andy ont essentiellement développé l’entreprise via l’acquisition d’actifs peu prisés, voire indésirables, auprès d’entreprises comme BP et ICI.

    « Ça ne nous a pas coûté très cher, parce que peu de personnes les convoitaient » explique Jim.

    L’acquisition la plus importante a lieu en 2005 : en 30 jours, INEOS lève $9 milliards pour racheter Innovene à BP.

    « Ce fut immensément transformateur pour l’entreprise » déclare Andy.

    Du jour au lendemain, INEOS est devenue la quatrième plus grande entreprise chimique du monde.

    Si la pétrochimie reste au cœur de l’activité d’INEOS, et si c’est grâce à ses produits que le monde moderne se maintient, le groupe s’est aventuré dans les secteurs du sport, de la mode, des articles de consommation, de la préservation et des voitures.

    Par ailleurs, il a alloué de plus en plus de temps et d’argent pour aider à lutter contre l’obésité infantile et la pauvreté touchant les enfants, et contrer la résistance aux antimicrobiens, qui rend les antibiotiques inefficaces.

    En 2008, l’entreprise survit à la plus grande crise financière depuis la Grande dépression et, cinq ans plus tard, à un violent conflit social ayant failli entraîner la fermeture du plus important employeur manufacturier d’Écosse.

    « Très peu d’entreprises britanniques comptent de tels accomplissements en seulement un quart de siècle » déclare Mark Killick, un ancien producteur de la BBC travaillant étroitement avec INEOS depuis de nombreuses années.

    Bien qu’INEOS ait toutes les raisons de se féliciter des succès de ces 25 dernières années, le groupe ne s’attarde pas sur le passé.
    Aujourd’hui, l'entreprise a pleinement conscience d’évoluer dans un monde bien différent de celui de 1998.

    Le monde actuel exige que les entreprises énergivores changent pour contribuer à prévenir les effets les plus néfastes du changement climatique.

    INEOS a un plan. Un plan pour réduire radicalement les émissions de CO2. Un plan pour éviter que des tonnes et des tonnes de plastique finissent dans des décharges. Et un plan via son secteur énergétique pour maintenir ses activités pendant la transition vers les énergies bas carbone de demain.

    Et ce plan est déjà largement mis en œuvre.

    « INEOS vous pousse à penser autrement, à faire preuve de souplesse, à être direct et à travailler en dépassant les conventions » déclare le Dr. Anne-Gret Iturriaga-Abarzua, directrice de la communication d’entreprise chez INEOS Olefins & Polymers Europe du Nord à Cologne, en Allemagne.

    Le futur ne laisse pas la place à la pusillanimité ou au manque de vision. Heureusement, ces deux caractéristiques ne s’appliquent pas aux membres d’INEOS. 

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    L’alchimie d’INEOS

    Qui aurait pu imaginer qu’un jour, trois écoliers de certaines des villes les plus démunies du Royaume-Uni dirigeraient un géant industriel fort de 182 sites, dans 31 pays.

    Mais Sir Jim Ratcliffe, qui a grandi dans un logement social de Failsworth, John Reece et Andy Currie n’étaient pas des écoliers ordinaires. Dès l’enfance, leurs parents et leurs enseignants les ont encouragés à saisir chaque opportunité et à tirer le meilleur parti de leurs talents innés.

    Et c’est précisément ce qu’ils ont fait ces 25 dernières années, en pensant autrement, en se fiant à leur instinct et en abattant tout le travail nécessaire. Mais si tous trois tiennent la barre, ils sont portés par un océan d’employés débordants de talent, de passion et de motivation.

    De fait, il est ordinaire chez INEOS de croiser des personnes extraordinaires. « L’entreprise regorge d’esprits véritablement brillants » déclare Sean Keach, journaliste proéminent spécialisé dans les technologies. « Il y a tant de savoir et d’expertise chez INEOS que vous avez le sentiment que presque rien n’est insurmontable. »

    C’est aussi de cette façon qu’INEOS voit les choses : associer des personnes remarquables à des questions majeures donne des résultats extraordinaires. 

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    Les contrats majeurs

    Au cours des 25 années écoulées, INEOS a surmonté les limites, encore et encore. Le groupe a prouvé au monde que tout ne dépend pas des idées. Mais de leur concrétisation. Le personnel d’INEOS adore les défis.

    Sir Jim Ratcliffe, président, Andy Currie et John Reece savaient qu’après leur acquisition des actifs de BP dans le secteur chimique en 2005, tout allait changer.

    En effet, ce contrat colossal, pour lequel ils ont levé $9 milliards en 30 jours, a peut-être constitué le catalyseur de chaque défi relevé par INEOS. Parce qu’INEOS ne se demande pas « pourquoi ». Mais plutôt, « pourquoi pas ». Et l’entreprise prouve sans cesse que rien n’est impossible.

    Le contrat Innovene

    Du jour au lendemain, INEOS est devenue la quatrième plus grande entreprise chimique du monde

    En matière de contrat, on ne peut guère faire plus grand, ou mieux, que la décision d’INEOS de racheter l’activité chimique mondiale de BP en 2005. La pétrochimie n’avait plus la cote auprès des gros conglomérats tels que BP, qui souhaitait se retirer afin de s’axer sur les secteurs du pétrole et du gaz rapportant le plus d’argent. BP avait prévu d’introduire Innovene en bourse à Wall Street, mais les copropriétaires d’INEOS, Sir Jim Ratcliffe, Andy Currie et John Reece, ont convaincu le groupe de plutôt leur vendre l’entreprise. En seulement 30 jours, trois banques ont accepté de leur prêter $9 milliards, et ce bien qu’INEOS n’ait pas visité un seul des sites.

    « Je me rappelle que nous avons dû discuter avec la Banque d’Angleterre avant de transférer les $9 milliards à BP, parce $9 milliards, c’est tout de même une somme » se remémore John. Brian Gilvary, aujourd’hui président d’INEOS Energy, travaillait chez BP au moment du contrat.

    « Ce fut un coup de maître, » dit-il, « qui surprit beaucoup de monde. » John McNally, lui aussi employé de BP à l’époque, ne regrette pas qu’INEOS ait acheté son ancienne entreprise.

    « Chez BP, on finissait par ne plus savoir qui prenait les décisions » déclare-t-il.

    « Avec INEOS, tout est bien plus direct. Vous discutez avec les propriétaires et vous obtenez une décision. J’apprécie beaucoup cet aspect. Je l’ai toujours apprécié. »

    Rétrospectivement, Jim explique qu’INEOS n’aurait jamais dû être en mesure de conclure ce contrat, sachant qu’Innovene faisait trois fois la taille d’INEOS.

    « À présent, ça n’aurait plus aucune chance de se produire, parce que vous ne pourriez tout simplement pas obtenir de trois banques qu’elles déboursent chacune $3 milliards sur leur propre bilan » affirme-t-il.

    Mais le contrat fut transformateur, propulsant INEOS dans la sphère des entreprises pétrochimiques mondiales. « Dans cette histoire, c’est Jonas qui a avalé la baleine » dit Tom Crotty, directeur des communications chez INEOS. « Ça ne s’était jamais produit dans le secteur. » 

    Pétrole et gaz

    En 2015, INEOS repère dans la mer du Nord une nouvelle plateforme pour ses activités. Tandis que les entreprises pétrolières et gazières, poussées par l’augmentation des coûts et la chute des bénéfices, commencent à vendre, INEOS cherche à racheter les actifs devenus indésirables.

    « Il y a des années, nous avons récupéré des actifs très intéressants parce que la pétrochimie n’était plus populaire, plus à la mode » explique Sir Jim Ratcliffe, fondateur d’INEOS. « C’est la même situation actuellement pour le pétrole et le gaz, en raison de leur empreinte carbone. »

    « Mais le monde ne peut pas vivre sans pétrole ni gaz, du moins pas avant 30 ou 40 ans. À l’heure actuelle, nous avons besoin de 100 millions de barils de pétrole par jour. »

    INEOS a tout d'abord acheté tous les gisements de gaz britanniques de la mer du Nord appartenant au groupe DEA. Quelques jours plus tard, Fairfield Holdings Ltd vendait à INEOS ses intérêts de 25 % dans la plateforme de Clipper South.

    En 2017, INEOS achète l’ensemble des actifs pétroliers et gaziers en mer du Nord de DONG Energy, entreprise danoise de pétrole et de gaz naturel. Dans un accord distinct avec BP, INEOS acquiert aussi le réseau de pipelines Forties (Forties Pipeline System, FPS) de 380 km, qui fournit au Royaume-Uni 40 % de son pétrole et de son gaz.

    Ces acquisitions marquent un tournant et orientent l’entreprise en terre inconnue, mais plein de promesses.

    En outre, le contrat conclu avec DONG Energy, qui désirait se concentrer sur les énergies renouvelables, a conforté la position d’INEOS parmi les 10 producteurs majeurs de pétrole et de gaz dans la région à l’époque et a mené à la création d’INEOS Energy.

    « INEOS Energy englobe tous les actifs pétroliers et gaziers existants d’INEOS et nous permettra également de devenir une vraie puissance pour la future transition énergétique » déclare Brian Gilvary, un ancien cadre de BP devenu président d’INEOS Energy. 

    Les navires « Dragon Ships »

    L’arrivée des navires transportant de l’éthane américain marque le début de la renaissance des craqueurs de gaz européens d’INEOS, alors en difficulté. Les autres entreprises estimaient que le transport outre-Atlantique d’immenses quantités d’éthane liquéfié n’était tout bonnement pas viable.

    Mais INEOS a vu une opportunité et a osé penser l’impensable.

    D’autres ont depuis rejoint le mouvement, mais INEOS fut le premier. « Nous étions des pionniers » se remémore David Thompson, chargé de superviser le projet.

    « Nous nous occupions des pipelines, du fractionnement, des terminaux, de l’infrastructure et des navires.

    Nous devions tout gérer. » La Chemical Industries Association du Royaume-Uni a décrit le projet comme l’un des investissements les plus significatifs dans la production depuis dix ans.

    Cinq années furent nécessaires pour le concrétiser, sur trois continents, impliquant des milliers de personnes, à un coût de $2 milliards, et avec 10 000 emplois directs et indirects sauvés en Écosse.

    « Ce fut une vraie collaboration internationale et l’un des plus grands projets d’ingénierie au monde » dit David.

    À l’heure actuelle, la flotte croissante de navires multigaz d’INEOS, des navires tels que le monde n’en avait encore jamais vus, transporte régulièrement l’éthane à prix compétitif des États-Unis vers l’Europe.

    « Je pense qu’INEOS était l’une des rares entreprises au monde en mesure de réussir ce projet » déclare le fondateur d’INEOS, Sir Jim Ratcliffe.

    Le Grenadier

    Certaines des idées les plus brillantes d’INEOS ont vu le jour dans un pub. C’est la genèse de son 4x4, conçu autour d’un gin tonic au pub The Grenadier, à Londres, près du siège de l’entreprise. Les spécialistes du secteur affirmaient que c’était impossible. Les entreprises chimiques ne construisent pas de voitures de A à Z, point. Mais INEOS ne se préoccupe pas de ce que pensent les autres. Pour preuve : le Grenadier est désormais disponible à la vente.

    « J’ai un respect infini pour ce qu’a accompli INEOS » déclare Quentin Willson, journaliste automobile primé, qui a aussi présenté Top Gear pendant une décennie.

    « Et à mon avis, n’importe qui dans l’industrie qui ne se voile pas la face vous dirait à quel point c’est impressionnant. »

    L’histoire du Grenadier INEOS est peut-être, en effet, du jamais vu.

    Mais c’était une opportunité de placer la barre encore plus haut à laquelle le fondateur d’INEOS, Sir Jim Ratcliffe, n’a pas pu résister.

    Après tout, pourquoi est-ce qu’INEOS ne pourrait pas construire l’héritier spirituel du Land Rover Defender, l’un des 4x4 les plus emblématiques au monde ?

    Lorsque Sir Jim Ratcliffe a quitté le pub ce soir-là, les rouages de son esprit tournaient déjà.

    INEOS Sport

    INEOS se prépare à racheter 25 % du club de football Manchester United. L’entreprise détient déjà l'intégralité de l’OGC Nice, club de Ligue 1 en France, l’intégralité du FC Lausanne-Sport, club de Super League suisse, et dispose d’un partenariat avec le Racing Club d’Abidjan, club de Ligue 1 en Côte d’Ivoire.

    INEOS n’excelle pas uniquement en affaires. Le groupe sait aussi montrer la voie, et bousculer les idées reçues, dans le monde du sport. Et ce dans plusieurs sports. Aujourd’hui, INEOS concourt sur la route, la pelouse, le circuit et l’eau, et aide son équipe d’athlètes de renommée internationale, que ce soit en course, dans le cyclisme, le rugby, le football, en Formule 1 ou dans la voile, à accomplir l’extraordinaire.

    Tout cela est absolument logique pour INEOS, qui a justement annoncé un accord avec Manchester United alors que cette publication INCH était mise sous presse.

    « Cet aspect nous aide beaucoup dans nos échanges avec de hauts dirigeants en Chine ou au Moyen-Orient, parce qu’INEOS ne leur est ainsi pas totalement inconnu » explique le président d’INEOS, Sir Jim Ratcliffe.

    « Certains optent pour de la publicité à la télévision, mais nous avons préféré une approche un peu différente. »

    INEOS a commencé modestement en investissant dans des sports communautaires.

    « Ce fut l’un des postes assez amusants que j’ai occupés après la transition d’INEOS au siège suisse » raconte David Thompson, PDG d’INEOS Olefins & Polymers Asie, qui a été directeur du Lausanne Hockey Club de 2016 à 2021 et président de Lausanne-Sport entre 2017 et 2019.

    « On m’avait demandé de tisser des liens avec la communauté locale. »

    Depuis cet investissement dans le Lausanne Hockey Club en 2010, INEOS a établi des partenariats avec certaines des meilleures équipes du monde.

    Cependant, à l’image de tout ce qu’INEOS entreprend, le groupe a procédé, et continuera ainsi, différemment des autres.

    Toutes ses équipes, sous la direction de Sir Dave Brailsford, travaillent à résoudre les problèmes de performance courants en partageant les connaissances et les meilleures pratiques.

    C’est pourquoi la technologie qui maintient la voiture de l’équipe de F1 au sol permet de faire s’envoler le voilier d’INEOS Team UK, et aussi pourquoi l’équipe de cyclisme INEOS Grenadiers donne des conseils en nutrition à l’équipe de voile.

    Selon les mots de Clark Laidlaw, entraîneur en chef des All Blacks Sevens, le partenariat de performance conclu avec INEOS est unique.

    « Cela nous permet d’apprendre de certaines des équipes les plus performantes au monde, dans divers sports » explique-t-il.

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    Les défis majeurs

    Les défis sont incontournables et INEOS en a rencontré plus d’un ces 25 dernières années. Mais deux événements majeurs ont ébranlé INEOS, la crise financière de 2008 et un violent conflit social en Écosse en 2013.

    La crise financière fut la pire depuis la Grande dépression et reste, pour INEOS, l’une des périodes les plus sombres de l’histoire du groupe, appelant alors ses investisseurs au calme. Quant au litige de Grangemouth, il a failli se conclure par la fermeture du craqueur de gaz, non rentable.

    INEOS a non seulement survécu à ces deux événements, mais en est sorti plus forte. D’une part, INEOS a décidé de rencontrer régulièrement ses investisseurs, et d’autre part, l’investissement dans le site de Grangemouth a suscité une renaissance avec l’introduction du gaz de schiste en Écosse.

    En 2008, le monde affronte la pire crise financière depuis la Grande Dépression. Et INEOS n’échappe pas à la tourmente, la crise se propageant en très peu de temps au-delà de l’Atlantique. Trois ans plus tôt, John Reece, Andy Currie et Sir Jim Ratcliffe avaient conclu le contrat du siècle après avoir emprunté $9 milliards pour racheter la vaste activité chimique de BP. Mais avec la crise, les banques sont sur le point de tourner le dos à INEOS. « Ce fut indéniablement la période la plus sombre de notre histoire » déclare John.

    INEOS rencontre ses créanciers et parvient à obtenir une exemption temporaire du covenant avec les banques, acceptant en contrepartie de payer des intérêts plus élevés sur ses prêts.

    Mais la réunion s'avère pénible et difficile. Toutefois, elle a le mérite d’ouvrir les yeux à INEOS : il est temps de changer.

    Depuis des années, Jim, John et Andy se concentrent uniquement sur le développement de l’activité, négligeant les relations avec les investisseurs.

    « Nous avons pris conscience que maintenant que nous faisions face à un problème, nous n’avions aucun ami » se rappelle Jim.

    Ils quittent la réunion déterminés à organiser une journée des investisseurs une fois par an.

    Et c’est exactement ce qu’ils ont fait depuis. « À cette époque, les investisseurs ne nous comprenaient pas vraiment, mais désormais nous faisons tout pour leur expliquer au mieux les diverses activités » précise John.

    « Ainsi, lorsque nous demandons un financement, ils savent ce qu’est INEOS et nous n’avons plus qu’à gérer la transaction. »

    Litige avec les travailleurs de Grangemouth

    En 2013, le site de Grangemouth, en Écosse, est en proie à un violent conflit social. INEOS avait annoncé sa volonté d’investir £300 millions dans le cadre d’un plan de survie visant à faire venir du gaz de schiste américain, indispensable, à condition de parvenir à réduire les coûts de ce site déficitaire.

    Grangemouth n’avait plus obtenu de bons résultats après la crise de 2008 et était soutenu par d’autres entreprise du groupe INEOS.

    « Nous ne pouvions pas financer des pertes indéfiniment » indique John Reece.

    Quand le personnel refuse l’offre de l’entreprise, INEOS déclare vouloir fermer le craqueur de gaz, qui traite le pétrole et le gaz de la mer du Nord depuis plus de 50 ans.

    « Nous savions que c’était un sujet politique brûlant, mais nous étions déterminés » ajoute John. « Nous ne bluffions pas. »

    La décision laisse le syndicat stupéfait. Il accepte tous les changements requis pour garantir l’investissement de £300 millions.

    « La rapidité de ce revirement m’a assez surpris » reconnaît Declan Sealy, directeur commercial chez INEOS Acetyls. « C’était incroyable. »

    Le site, autrefois sur le point de disparaître, a connu une véritable renaissance.

    Et le gigantesque réservoir de gaz, construit pour stocker le gaz de schiste américain, se dresse aujourd’hui comme un symbole d’espoir.

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    La question cruciale

    Une minorité bruyante vous répondrait oui. Nous disons non, car notre qualité de vie en dépend. Sans pétrole ni gaz, tout ce sur quoi la société s’appuie désormais disparaîtrait, purement et simplement : iPad, iPhone, vêtements, voitures, médicaments, shampooing, peintures, engrais et jouets, pour ne citer que quelques exemples. La vie telle que nous la connaissons n’existerait pas.

    Beaucoup ont conscience que c’est grâce au pétrole et au gaz que nous chauffons nos maisons et nos bureaux, que nous préparons nos repas et nous rendons d’un point A à un point B. Mais combien savent que le pétrole et le gaz sont également des matières brutes indispensables du secteur chimique ? Et que le secteur chimique utilise des particules disponibles dans le gaz pour fabriquer le large éventail de produits sous-tendant la société moderne ?

    Nous ne pouvons pas vivre sans pétrole ni gaz. Ils sont essentiels à notre quotidien et le resteront sans doute pendant encore des décennies, même après la transition vers le net zéro d’ici 2050.

    Pouvons-nous vivre sans pétrole ni gaz ?

    Les combustibles fossiles n’ont jamais autant échauffé les esprits. Partout sur le globe, des mouvements de protestation se font de plus en plus entendre, avertissant, par exemple comme Just Stop Oil, que de nouvelles extractions de gaz et de pétrole « précipiteront la chute de la civilisation humaine ». Le scénario qu’ils dépeignent fait froid dans le dos. Mais INEOS, l’une des nombreuses entreprises ciblées du fait de son recours au gaz et au pétrole, pense que l’éducation est la clé pour changer les mentalités.

    Le président exécutif d’INEOS Energy, Brian Gilvary, a déclaré qu’un débat franc et honnête s’imposait avec le public concernant l’énergie, en particulier le gaz et le pétrole.

    « Aujourd’hui, le pétrole et le gaz répondent à un besoin » dit-il. « Et très franchement, le monde ne pourrait pas s’en passer dès demain. Si nous arrêtions brutalement d’utiliser du pétrole et mettions fin aux nouveaux développements relatifs au pétrole et au gaz, de vastes parties du monde tomberaient dans la précarité énergétique. Voilà ce que le monde doit savoir. 

    La question n’est pas de se détourner du pétrole et du gaz. Il s’agit de les décarboner. Sans cela, nous n’avons aucun espoir de maintenir les températures bien en dessous des deux degrés. »

    Les secteurs chimiques, pétroliers et gaziers sont indissociables.

    INEOS, qui dirige ses propres activités pétrolières et gazières, utilise aussi d’immenses quantités de pétrole et de gaz pour faire fonctionner ses usines de fabrication de produits chimiques.

    Mais cela peut changer, et c’est d’ailleurs le cas, avec les millions investis par INEOS dans son approvisionnement en énergie issue de parcs éoliens et photovoltaïques.

    Toutefois, le secteur chimique exploite aussi le gaz et le pétrole comme matériaux bruts, transformant par exemple l’éthane en éthylène, pierre angulaire de la société moderne, des vêtements aux médicaments, en passant par les appareils électroniques et les voitures.

    « Nous ne pouvons pas tout remplacer par des bioénergies » explique Greet Van Eetvelde, Responsable mondiale climat, énergie et innovation chez INEOS.
    « Nous ne pouvons pas tout remplacer par des énergies renouvelables. »

    Nombre de produits d’INEOS, fabriqués à partir de gaz et de pétrole, servent aussi à fabriquer des éoliennes, des panneaux photovoltaïques et d’autres technologies du renouvelable.

    « Notre entreprise est très diversifiée » indique-t-elle.

    « Nous sommes partout. Vous ne verrez pas le nom d’INEOS sur votre dentifrice, mais nous sommes bien là. Il en va de même avec l’aspirine que vous prenez pour des maux de tête, par exemple. »

    « Ces manifestants, qui se collent aux murs, ne pourraient pas le faire sans les produits chimiques contenus dans la colle. Si vous voulez dissoudre cette colle, alors vous utilisez un dissolvant issu du secteur chimique, lui aussi. Voilà l’absurdité de la situation. »

    Pendant la pandémie de COVID-19, le groupe INEOS a été classé parmi les secteurs indispensables et a rejoint les acteurs permettant de maintenir la société en fonctionnement. Indispensable non seulement pour les masques, mais aussi pour la production de vaccins.

    Tom Crotty, directeur des communications du groupe INEOS, a déclaré que la demande en produits INEOS de santé et d’hygiène fut sans précédent.

    « Nous n’avions jamais rien connu de tel » dit-il.

    La production s’est intensifiée sur les sites d’INEOS afin de satisfaire la demande mondiale en produits chimiques pour ralentir la propagation de la maladie et aider à soigner les personnes infectées.

    Le groupe a détourné des ressources de secteurs non essentiels de sites basés en Amérique, en Europe continentale et au Royaume-Uni pour maintenir l’approvisionnement en produits chimiques essentiels vers les sites fabriquant du matériel médical, des désinfectants et des équipements vitaux.

    Et en l’espace de 10 jours, le groupe a construit trois nouvelles fabriques de gel hydroalcoolique pour produire, mettre en bouteille et distribuer directement chaque mois des millions de bouteilles de désinfectant pour les mains à destination des hôpitaux, gratuitement.

    INEOS ne détourne pas le regard des défis colossaux auxquels le monde est confronté.

    Cependant, l’entreprise est extrêmement optimiste.

    « Je crois que cette quatrième transition énergétique sera la plus passionnante de toutes » affirme Brian, qui a rejoint INEOS après avoir un moment envisagé de prendre sa retraite.

    « Nous voyons les technologies progresser à une telle vitesse que je pense qu’un jour, les sources d’énergie seront interconnectées. »

    D’après l’ancien directeur financier de BP, l’un des problèmes majeurs est que très peu de gouvernements dans le monde disposent de politiques énergétiques intégrées et communes.

    « La Chine dispose de telles politiques, parce qu’elle achète beaucoup d’énergie et n’a pas les mêmes ressources énergétiques que d’autres pays » explique-t-il.

    « C’est pourquoi elle développe des parcs éoliens et ravive d’anciennes mines de charbon. »

    « Elle sait qu’elle a besoin de diverses sources d’énergie et que les solutions devront se baser sur l’ensemble de ces sources. »

    Il a ajouté que c’est aussi la raison pour laquelle la Chine a fixé son objectif net zéro à 2060 et non 2050.

    D’après Brian, le monde doit traiter la question du CO2, le gaz largement tenu pour responsable du changement climatique.

    « Vous pouvez développer une activité pétrolière à condition de disposer en parallèle d’une activité viable de captage du carbone » détaille-t-il.

    C'est désormais le cas d’INEOS.

    Plus tôt dans l’année, le groupe a lancé le premier projet transfrontalier au monde de captage du carbone en mer, au Danemark.

    Le projet Greensand est une première mondiale. Une fois pleinement opérationnel, il pourrait permettre de stocker en permanence jusqu’à huit millions de tonnes de CO2 par an dans le sous-sol marin.

    Mais les ambitions d’INEOS ne s’arrêtent pas là.

    Le groupe investit massivement dans l’économie circulaire pour s’assurer que ses produits sont recyclables et ainsi fabriquer le plastique à partir de plastique plutôt que d’hydrocarbures.

    Il a créé une nouvelle entreprise pour contribuer à bâtir une économie soutenue par l’hydrogène, qui ne produit aucune émission lorsqu’il est utilisé comme carburant.

    « Nous ne pouvons pas appuyer sur un bouton et accomplir tous ces changements du jour au lendemain » explique le président d’INEOS, Sir Jim Ratcliffe. « Il faut du temps et des investissements. »

    Elfie Méchaussie, qui a étudié le génie chimique, est spécialiste en carbone et en environnement pour la branche INEOS O&P Europe en Suisse.

    « INEOS a un rôle à jouer et c’est en travaillant de l’intérieur que je peux changer la donne » déclare-t-elle.

    Elle fait partie du groupe réseau de la jeunesse pour le climat et l’énergie (yCEN) d’INEOS, chargé de trouver des réponses à certaines des difficultés majeures auxquelles l’humanité fait face.

    Une tâche ardue, mais les membres du groupe yCEN sont portés par la perspective de la différence qu’ils peuvent faire.

    « Voilà pourquoi je travaille pour une entreprise pétrochimique » ajoute-t-elle.

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    Un futur durable

    Il peut paraître contre-intuitif que l’industrie des produits chimiques soit à l’avant-garde du développement durable. Mais INEOS a placé le développement durable et le mouvement vers le net zéro au cœur de sa stratégie.

    « Nous ne pourrons pas contrer le changement climatique sans le secteur chimique, car nous fournissons les piliers qui contribuent à bâtir des solutions d’avenir » affirme Hans Casier, PDG d’INEOS Phenol.

    INEOS sait que transitionner vers le net zéro d’ici 2050 sera un cheminement compliqué pour une société si dépendante des ressources précieuses de la planète.

    Mais le groupe a fait de grands progrès, et restera sur cette voie, afin de continuer à fournir à la société moderne tout le nécessaire pour poursuivre son développement.

    Comment nous réduisons notre impact sur la planète

    INEOS est déterminé à atteindre le net zéro d’ici 2050 (2045 en Écosse et en Allemagne). C’est pourquoi le groupe a établi des feuilles de route l’aidant à comprendre et à planifier le processus à suivre.

    Les chemins divergent, mais l’objectif ne change pas : réduire les émissions de CO2 et maintenir nos activités, en fournissant des produits essentiels à la société.

    « Nous établissons les objectifs selon les informations de chaque secteur, parce que nous savons qu’une seule approche ne fonctionnera pas » explique Greet Van Eetvelde, responsable mondiale énergie et innovation chez INEOS.

    « Cela dit, nos secteurs d’excellence nous permettent de partager les meilleures pratiques. »

    Afin d’atteindre ces objectifs ambitieux mais réalistes, INEOS a identifié plusieurs secteurs clés où il est possible de réduire les émissions, tout en assurant la rentabilité et en anticipant l’évolution des réglementations.

    Une étape majeure : changer de source d’énergie pour ses opérations.

    Et INEOS a déjà lancé ce processus via des investissements dans l’énergie renouvelable issue de parcs éoliens et photovoltaïques.
    Mais ce n’est qu’un début.

    Le groupe contribue à mettre en avant l’économie circulaire, où rien ne se perd, en commercialisant de nouveaux produits fabriqués à partir de déchets et de matériaux biosourcés plutôt que de gaz et de pétrole.

    Il s’assure que chacune de ses actions est menée efficacement et en toute sécurité, et remplace ses anciennes usines par de nouvelles, plus efficaces.

    En outre, le groupe s’investit beaucoup dans les projets de captage et de stockage du carbone, qui permettront de stocker de manière sûre et permanente les émissions de CO2 des industries.

    « J’ai la conviction qu’INEOS fera partie intégrante de la solution à la transition écologique » déclare Geir Tuft, PDG d’INEOS Inovyn.

    « Mais cela impliquera des changements que nous, consommateurs, devons également intégrer à notre quotidien. Cette transition ne concerne pas que les entreprises comme INEOS Inovyn. La société doit agir, elle aussi. »

    D’après le président d’INEOS, Sir Jim Ratcliffe, INEOS « s’engage pleinement » à assumer un rôle prépondérant dans la transition vers le net zéro.
    « Nous prévoyons de dépenser plus de €6 milliards pour soutenir nos plans et toutes nos entreprises seront responsables de la concrétisation de ces feuilles de route » indique-t-il.

    Mais il ajoute que le net zéro n’est possible que si les gouvernements, l’industrie et les populations travaillent ensemble.
    Chez INEOS, réussir en faisant le bien n’est pas qu’un moteur d’innovation.

    C’est un aspect important pour ses employés, ses clients et ses investisseurs du monde entier.

    « Le développement durable est une facette fondamentale de notre façon de travailler explique Tobias Hannemann, PDG d’INEOS Oxide.

    Toutefois, la clé du succès durable d’INEOS est son socle entrepreneurial.

    « INEOS a réussi à instaurer une culture où tout est possible, où chacun participe et où l’on embrasse le changement » déclare Alison Mills, directrice des RH chez INEOS Acetyls & Nitriles.

    4 minutes de lecture Numéro 25